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Interview de Giuseppe Barresi

Par Philippe , le 21 janvier 2020 , mis à jour le 25 mai 2021 - 9 minutes de lecture
giuseppe barresi

Première interview de l’année 2020 ! Aujourd’hui j’ai la chance de recevoir Giuseppe Barresi, que j’ai pu rencontrer à Genève sur l’évènement Performance Web. Il va nous raconter son parcours… et nous expliquer qu’il faisait déjà du business dans la cours de récréation de l’école à 11 ans !

Philippe : Pouvez-vous présenter aux lecteurs de 7-Dragons votre parcours et votre entreprise ?

Giuseppe : Giuseppe, 37 ans.

J’ai grandi en Suisse, à Genève.

Suis fils d’immigrés italiens, qui m’ont transmis des valeurs que je chéris énormément (sens du sacrifice, du respect d’autrui, de l’importance de tenir parole, etc.) et petit frère d’une grande sœur de 6 ans plus âgée que moi qui m’a appris énormément de choses quand j’étais enfant.

Entrepreneur depuis “toujours” (je n’ai pratiquement jamais été salarié !), je dirige aujourd’hui inSolus, une agence d’ingénierie développement informatique et j’ai lancé / testé bien d’autres petits “side-business” au fil des ans, dont certains qui tournent encore.

Insolus

Philippe : Qu’est-ce qui vous a décidé à entreprendre ?

Giuseppe : C’est naturel, chez moi.

Dis comme cela, ça pourrait sembler étrange…

Je ne dis pas (et je ne pense pas non plus) qu’être “entrepreneur” est une qualité en soi.

Ce n’est ni bien ni mal. C’est juste une caractéristique, un trait de personnalité, dans mon cas.

Déjà à 11 ans, à l’école, j’avais trouvé un “fournisseur” qui me vendait des paquets de “boules de feux” (des bonbons piquants, à la cannelle) qui me revenaient CHF 0.20 / pièce (je les achetais “en gros”) puis je les revendais CHF 2.00 / pièce, dans la cour de récréation. Les marges étaient énormes, et je ne m’en rendais même pas compte.

En 1998, à 16 ans, j’ai appris à faire des sites web (par passion) un ami (qui avait 27 ans) et avait le sens des affaires a comprit qu’en s’associant à moi il pouvait monter un business rentable… À l’époque, la création de sites était réservée aux “informaticiens”. Lui, il s’occupait surtout de la partie commerciale et moi j’étais à la production. Cette rencontre (on est restés 2 ans associés) m’a définitivement donné le goût de l’entrepreneuriat.

En 2000, quand j’avais 18 ans, on a décidé de se séparer (on avait des visions différentes) et j’ai fondé en solo ma première SARL qui tourne toujours, 20 ans plus tard.

Bref, je ne connais que l’entrepreneuriat et j’aime beaucoup cela !

J’apprécie le côté d’être pleinement responsable, dans une certaine mesure, et de l’assumer : si on a de beaux résultats, on en profite pleinement. On se plante, on fait des erreurs et des mauvaises années, on en paye directement les conséquences, on apprend et on repart.

Philippe : Pourquoi ce secteur d’activité ?

Giuseppe : Je me suis lancé dans l’informatique, tout simplement parce que la programmation a été une passion depuis que mes 12 ans.

Ma pauvre sœur s’était acheté un ordinateur, en 1994. C’était une seconde main, un Intel 486 avec 4 Mo de RAM sous Windows 3.11…

Ce PC, elle l’a peu utilisé, car je le monopolisais du matin au soir, et la nuit, aussi !

J’ai appris (comme beaucoup de jeunes de ma génération) à le démonter, remonter et à coder dessus.

La programmation était une passion, mais adolescent je ne pouvais pas rivaliser avec les “vrais” programmeurs qui étaient vus comme des “scientifiques” et qui, finalement, eux aussi, à l’époque, avait appris “sur le tas” à faire de l’ingénierie informatique.

Quand Internet a commencé à devenir populaire, milieu / fin des années ‘90 et que l’on utilisait des modems 33.6 qui squattaient la ligne téléphonique (qui s’en souvient ? lol  ce sont des jeunes qui savaient faire des sites Web (des sites statiques, en pur HTML, avec des brides de CSS) qui tout d’un coup avaient de la valeur à offrir.

J’ai donc commencé par faire des sites web avec mon premier associé.

Quand j’ai fondé inSolus, ce nom était la contraction de “Internet Solutions”, car je me positionnais comme “Agence Web” (alors qu’à l’époque j’étais tout seul, sans employé), et quand j’ai commencé à couvrir d’autres besoins et vendre mes premiers programmes informatiques (du Visual Basic, pour des applications Windows, à l’époque) on a changé en “Intelligent Solutions” pour se détourner de cet aspect purement Web.

Ensuite, fin année 2000, est arrivé la vague des applications web et là on a pu allier les deux mondes : ingénierie logicielle + technologies web. C’est ce que l’on continue à faire !

Philippe : Quels ont été les leviers marketing qui ont permis de faire connaître votre activité ?

Giuseppe : On ne peut pas faire de business si on n’est pas visible. La visibilité, c’est la base de la base !

Si on ne sait pas que vous existez, personne ne va jamais rien acheter chez vous. Dis comme ça, encore une fois, ça parait évident… pourtant, trop d’entrepreneurs qui se lancent oublient cette réalité basique.

Dans mon cas, la clé de la visibilité à toujours été Internet. Avoir un site Web bien visible, au top des résultats des moteurs de recherche vous assure un trafic constant et hyper qualifié.

Dès le début des années 2000, avant que Google ne soit ce qu’il est devenu (je parle de l’époque où on utilisait encore Altavista, Lycos et autres moteurs de recherche), je me suis donc intéressé à ce qu’on n’appelait pas encore (mais qui était déjà) le SEO ou comment optimiser son site pour être bien positionné dans les résultats.

Le référencement naturel (qui vise à positionner un site dans les résultats dits “organiques” ou “non payants”) est devenu donc une activité parallèle pour moi, par nécessité.

Du coup, puisque c’était la façon n°1 pour ma société de trouver des nouveaux clients (en plus du bouche-à-oreille, que l’on contrôle moins) j’ai créé Caseo qui est devenu une agence SEO très bien positionnée sur la place genevoise et un acteur important du référencement naturel en Suisse.

Caseo

Bien sûr, faire venir les prospects sur son site Web n’est que la toute première étape du processus. Il faut ensuite les convertir, mais cela est une autre histoire et c’est là qu’interviennent d’autres leviers à apprendre (ou déléguer) eux aussi.

Philippe : Peut-on apprendre de ses échecs ?

Giuseppe : Ce n’est pas qu’on peut, c’est qu’on doit ! Faire des erreurs, c’est juste normal.

Faire tout juste et du premier coup, ce serait absolument anormal, voire inquiétant et ennuyant !

Cela parait bateau, mais c’est juste vrai : se tromper, se retromper et se re-retromper c’est le parcours normal de l’apprentissage et ce parcours est agréable. C’est comme cela qu’on a appris à marcher, à parler, à compter, etc.

Seul celui qui ne fait rien ne se trompe pas… Et du coup, il n’apprend pas.

Se tromper, faire des erreurs, ce n’est pas un échec. Le véritable échec (à mon sens) c’est de ne pas essayer.

En business, j’en ai fait (et comment !) des erreurs et j’en suis ravi 🙂

Ensuite, c’est sûr, il y a échec et échec.

Il y a des échecs qui font plus mal que d’autres et qui laissent des traces vraiment tristes, mais cela ne s’applique pas au business.

À moins qu’une personne fasse du “mal” à autrui par manque de diligence, par égoïsme, avidité ou autres malveillances. Là oui, ce seraient des échecs, mais c’est un autre thème !

Philippe : S’il était possible de revenir en arrière et de changer quelque chose, cela serait quoi ?

Giuseppe : Une chose que je changerai, clairement, si je pouvais revenir en arrière, serait de commencer à lire des livres sur le business, la psychologie humaine, la persuasion, le développement personnel au sens large bien plus tôt.

Malheureusement, j’ai commencé à me former sur ces matières quand j’avais environ 26 ans seulement et j’aurais tout eu à gagner si je l’avais fait avant.

Autre chose que je changerai : comprendre l’importance du réseau. Pendant des années, j’ai tout fait dans moins coin. Oui, j’ai pu constituer une équipe avec qui je m’entends très bien, mais je suis peu allé à la rencontre de mes confrères / concurrents.

Mes seuls contacts professionnels étaient avec mes clients directs. C’est dommage, très dommage !!!

Pendant très longtemps, je n’ai pas assisté (ni donné) de conférences, même dans mon propre domaine et je n’ai pas tissé de réseau significatif.

Ces derniers temps, je suis passé à l’autre extrême, jusqu’au point de créer mes propres évènements de networking avec l’initiative Cartonner justement pour aider les plus débutants à ne pas commettre cette erreur de ne pas faire de réseautage régulier.

Philippe : Quels seraient vos 3 conseils à donner à un jeune entrepreneur ?

Giuseppe : mes 3 conseils :

  1. S’entourer des bonnes personnes, même “virtuellement”, car cela a un impact énorme sur l’état d’esprit ou “mindset”. Nous sommes des éponges et devenons (pensons) comme la moyenne de gens qui nous entourent. Ce n’est pas une question de savoir si on est influençable ou pas, c’est plutôt de savoir par qui on veut être influencé !
  2. Passer à l’action rapidement, afin de faire “vite” des “erreurs” et apprendre. Et recommencer, affiner, réitérer. Puis recommencer et ainsi de suite. Seul le passage à l’action permet de tester et apprendre. Je crois que trop de gens (jeunes ou pas) lisent, s’informent, regardent des vidéos sur l’entrepreneuriat, mais ne passent pas à l’action. Dommage… les années passent vite !
  3. Entreprendre est une voie très satisfaisante, mais ça ne peut pas être (en soit) le but ultime de la vie. Le vrai bonheur se trouve dans les choses plus “spirituelles”, dans les relations avec autrui et dans l’application de certains principes-clés. Apprendre le contentement est une clé. Être reconnaissant en est une autre. Donner par pure générosité en est une autre.

Philippe : Merci beaucoup Giuseppe pour tous ces bons conseils et bonne continuation pour la suite !

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Philippe

Entrepreneur dans l'âme, Philippe accompagne depuis 20 ans les entreprises dans leur développement.