Reprise d’une entreprise après le départ en retraite du dirigeant
Quelles que soient les raisons de reprise d’une entreprise, les démarches doivent se faire dans le respect de certaines règles pour réussir la transmission au candidat repreneur. Selon des chiffres, près de 50 % des cessions d’entreprise s’effectuent en raison du départ à la retraite du dirigeant. Un dirigeant bientôt à la retraite doit ainsi anticiper et programmer la cession de la société. Le dirigeant doit trouver le « fils » putatif qui reprendra les rênes de l’entreprise et garantira la pérennité de son business. D’autre part, le potentiel repreneur doit réaliser un certain nombre d’études et de démarches pour reprendre une entreprise.
Table des matières
Évaluation de l’entreprise par le candidat
Un candidat à la reprise d’une entreprise doit passer par plusieurs étapes avant le choix de la société à reprendre. Pour cela, un diagnostic relatif à l’évolution économique, la santé financière, les points forts et les points faibles de l’entreprise cible sont nécessaires. Cette étape de diagnostic permettra par la suite au potentiel repreneur de poursuivre sa décision de reprise ou non.
Sur la base du diagnostic qu’il a réalisé, le repreneur pourra mettre en place les différents niveaux de l’évaluation économique de la structure à reprendre. De même, il lui sera plus facile de définir les limites de la négociation avec le cédant, ce dernier pouvant ainsi assurer un bon départ à la retraite.
Bien que le repreneur puisse réaliser lui-même ce diagnostic portant sur la reprise de l’entreprise, évidemment il peut se faire accompagner et conseiller tout le long de la phase de reprise. Dans tous les cas, les données et informations issues du diagnostic de l’entreprise doivent conduire à la décision d’arrêt ou de poursuite du projet.
Le repreneur doit évaluer plusieurs points, comprenant à minima :
- Les informations générales de la reprise. Il peut solliciter le cédant à avoir accès aux documents de statuts de la société, son extrait K, le procès-verbal constaté lors de la dernière assemblée générale, le rapport annuel, le rappel des commissaires aux comptes ;
- Les documents financiers tels que le bilan et annexes comptables avec le compte de résultat des trois derniers exercices, le rapport détaillé du CA au cours des trois dernières années, le compte de l’entreprise ;
- Les documents annexes comme le bail commercial, les divers contrats, les titres de propriété, les participations détenues par le dirigeant et les associés…,
Cette analyse permet également au repreneur d’obtenir une estimation de la valeur de l’entreprise cédée et d’évaluer le prix demandé par le dirigeant qui part à la retraite.
Analyse financière de l’entreprise
Avec une analyse financière efficace, le candidat à la reprise peut apprécier la santé financière de l’entreprise à reprendre. Il peut porter un jugement sur la solvabilité et la rentabilité de l’activité de celle-ci.
Lors de cette étude de la santé financière de la société ciblée, le repreneur pourra notamment évaluer :
- Le marché, les stratégies de l’entreprise et les risques encourus ;
- La capacité à créer de la valeur ajoutée, déterminée selon le taux de rentabilité des ressources investies ;
- L’analyse du besoin en fonds de roulement pour déterminer le besoin en trésorier de l’entreprise ;
- Les perspectives de croissance.
Étude de la rentabilité et du potentiel de croissance
La rentabilité correspond à l’écart entre le revenu produit par l’entreprise et les moyens utilisés pour l’obtenir. Entre autres, c’est la capacité des investissements des associés à produire des bénéfices. Plus cette rentabilité financière de l’entreprise est importante, mieux elle devient attractive pour les apporteurs de fonds.
Pour savoir si l’entreprise peut s’autofinancer, soit les encaissements sont supérieurs aux décaissements, le repreneur doit porter une attention particulière sur ces données comptables et apprécier la situation réelle.
Qu’il s’agisse de veiller au développement de l’activité de l’entreprise ou dans le cadre de la cession de cette dernière à un entrepreneur, l’analyse de rentabilité est nécessaire. Elle peut se justifier pour :
- Veiller à la pérennité de la société. Une bonne rentabilité assure au futur chef d’entreprise assez de ressources financières pour que son activité puisse fonctionner correctement et perdurer dans le temps ;
- Assurer le développement de l’entreprise. En raison de l’investissement pour la reprise de l’activité, le gérant doit pouvoir améliorer sa croissance ;
- Connaître sa capacité à générer des revenus. L’entreprise doit permettre au repreneur de réinvestir rapidement dans sa nouvelle activité et la faire fructifier grâce même aux bénéfices qu’elle dégage.
Identification des forces et des faiblesses de l’entreprise
Avant un projet de reprise d’entreprise, un entrepreneur doit comprendre les points forts et les points faibles de la nouvelle activité en analysant dans son ensemble les fonctions qui vont assurer sa performance (production, client, vente, service, etc.). La détermination des atouts et des axes améliorés lui permettra de mieux placer l’entreprise dans son environnement concurrentiel et de la comparer à ses concurrents.
Pour la réussite de la reprise, l’entrepreneur devra en ce sens :
- Identifier clairement les opportunités et les risques du marché ;
- Déterminer les facteurs clés de succès de l’activité à reprendre et les ressources dont l’entreprise dispose.
L’entrepreneur pourra de cette façon mettre en évidence les faiblesses, mais aussi les forces de l’entreprise.
Bon à savoir
La reprise d’une entreprise doit toujours être accompagnée par l’élaboration d’un plan de reprise. En pratique, le repreneur construit ce plan à l’issue de la phase de diagnostic et d’évaluation économique.
En véritable tableau de bord opérationnel, un plan de reprise permet au repreneur de monter correctement ses stratégies, principalement d’ordre financier et juridique. Le plan de reprise est par ailleurs essentiel étant une feuille de route opérationnelle, car le repreneur d’entreprise peut présenter ce document aux banquiers et investisseurs. En le montant, l’entrepreneur dispose d’éléments clés pour les convaincre dans son projet et trouver un financement.
Préparation du départ en retraite du dirigeant
Comme l’entrepreneur, avant son départ à la retraite et avant de confier son activité, le chef d’entreprise doit également se préparer. En tant que principal gérant de la société, le cédant doit connaître parfaitement la situation de son activité au moment de la cession. Ainsi, de son côté, il doit réaliser aussi des diagnostics sur le plan :
- Économique, qui se rapporte notamment sur les plus-values de l’entreprise, sa situation sur le marché ;
- Humain. Le cédant doit précisément identifier les compétences des salariés de son entreprise, les salariés qui envisagent également un départ à la retraite, les difficultés de gestion des ressources humaines, etc. ;
- Social. Il est important par ailleurs avant son départ que le dirigeant vérifie que les règles applicables au sein de son entreprise soient conformes au Code du travail en vigueur, s’il y a des salariés. Le cédant doit par ailleurs évaluer les salaires, etc. ;
- Les moyens de production. Dans le cadre d’une cession d’entreprise, l’état des locaux et des outils est important ;
- Juridique et réglementaire, il convient de s’assurer que l’entreprise est en règle en matière de contrats commerciaux, de sécurité et de prévention des risques, de situation administrative ;
- Financier et comptable, plus précisément le bilan de l’entreprise.
Une opération de cession d’entreprise étant délicate, il est conseillé que le cédant se fasse accompagner par des professionnels, particulièrement lors de l’élaboration du dossier de diagnostic de l’activité. De cette façon, après son départ, le chef d’entreprise à la retraite pourra pleinement profiter de sa vie et le faire sans soucis.
Transmission des connaissances et des compétences clés
Dans le cadre d’une vente d’entreprise, la transmission du savoir au repreneur se fait habituellement après la cession. Cette passation apporte une garantie et une sécurité supplémentaires à la pérennisation de l’activité de l’entreprise cédée.
Lors de cette phase de transmission de savoir, voici les trois principales étapes à envisager :
- Faire un état des lieux et discerner les compétences concernées par la transmission ainsi que les salariés présentant ces connaissances ;
- Déterminer les salariés destinataires des compétences transmises. Il s’agit de mettre en place un processus d’échange des savoirs ;
- Organiser la transmission du savoir aux salariés de l’entreprise en choisissant les méthodes et les outils pour sa mise en place.
Mise en place d’un plan de présentation
Le Mémorandum d’information ou plan de présentation est un élément indispensable dans le cadre d’une cession d’entreprise. Ce document, en plus de faciliter la transmission, permet de présenter l’entreprise de manière globale et attractive aux futurs repreneurs. Un plan de présentation regroupe les données collectées lors des phases de diagnostic, d’évaluation de l’entreprise et le choix du mode cession.
Ce dossier peut comprendre des informations hautement confidentielles en rapport à l’activité de l’entreprise. Il est ainsi dans l’intérêt du cédant de faire signer au potentiel repreneur un engagement de confidentialité. Généralement, un plan de présentation contient :
- La présentation des dirigeants ;
- La présentation de l’entreprise et de l’activité ;
- La présentation de la clientèle cible et des chiffres significatifs ;
- La présentation des moyens de production.
Communication en interne et en externe
Avant ou après la cession de l’entreprise, le dirigeant doit impérativement communiquer sur son projet de vendre la société. Pour cela, ce dernier doit informer ses clients et fournisseurs, en effectuant une communication externe, mais aussi ses salariés et collaborateurs, en réalisant une communication interne.
Il est impératif que le dirigeant de l’entreprise, avant son départ à la retraite, informe rapidement ses salariés de sa décision ainsi que de l’avancée du processus de cession.
Pour sa communication externe, qui inclut par ailleurs les repreneurs potentiels de l’entreprise, les moyens de communication à disposition sont :
- La publicité d’une annonce sur les réseaux professionnels ;
- Le contact des concurrents et des personnes intéressées ;
- Faire appel au service d’un professionnel pour la recherche de repreneurs.
Négociation des conditions de la reprise
Le cédant et le repreneur doivent établir une liste précise des points à aborder sur la négociation de la cession de l’entreprise. Les parties ne doivent pas se précipiter sur la définition des sujets de leur accord. Avant de se prononcer, il convient de prendre le temps d’approfondir les éléments de négociation et solliciter l’avis d’un expert.
La négociation des modalités de la reprise peut se porter sur :
- Le montant de la cession ;
- Les délais de reprise ;
- Les conditions de reprise ;
- Les conditions d’accompagnement par le cédant ;
- Les clauses de la promesse de cession, de la garantie d’actif et de passif, du protocole d’accord.
Après les négociations, les étapes de la cession se poursuivent par le protocole d’accord, un acte qui permet de formaliser l’entente entre le cédant et le repreneur. Cet acte juridique représente un élément extrêmement important de l’opération de reprise comme il relate les points de la négociation. Entre autres, la promesse de cession de fonds de titres ou de fonds de commerce correspond ainsi à la matérialisation sur papier des résultats de la négociation.
Accompagnement et transition
L’accompagnement et la phase de transition doivent se faire correctement et en douceur, afin que le repreneur, le nouveau chef d’entreprise puisse prendre ses marques.
Obtenir la confiance du personnel
Pour que la transition soit efficace, le repreneur doit rapidement tisser des liens avec les salariés de l’entreprise. Il arrive que les salariés ressentent de l’insécurité par rapport à un nouveau dirigeant, un gros changement pour eux. Le repreneur doit ainsi installer un climat de confiance tout en s’assurant d’installer son statut de nouveau chef.
À noter que la culture d’entreprise joue un rôle crucial dans la reprise d’une entreprise. Elle constitue l’ADN de l’organisation et guide les comportements, les valeurs et les croyances des employés. Lors du processus de reprise, il est important que le repreneur comprenne cette culture et envisage comment elle peut être préservée ou évoluer. Ignorer la culture d’entreprise peut entraîner une résistance au changement de la part des employés et nuire à la performance de l’entreprise après la transition.
Acquérir de la légitimité auprès des clients
Pour faciliter la transition et les relations commerciales, le cédant devra jouer un rôle important entre le repreneur et ses anciens partenaires.
Il faut savoir que la transition de la direction d’une entreprise peut avoir un impact significatif sur les relations avec les parties prenantes, telles que les clients, les fournisseurs et les partenaires. Il est donc important pour le repreneur d’investir du temps et des efforts pour maintenir ces relations. Le repreneur doit également travailler en étroite collaboration avec le dirigeant sortant pour assurer une communication fluide et transparente avec toutes les parties prenantes tout au long du processus de transition.
Le maintien de la performance opérationnelle durant la transition
Pendant le processus de transition, il est crucial de maintenir la performance opérationnelle de l’entreprise. Le repreneur doit s’assurer que les opérations quotidiennes continuent de fonctionner efficacement, tout en mettant en œuvre des changements stratégiques.
Ceci peut nécessiter une coordination étroite avec le dirigeant sortant et une compréhension approfondie des opérations de l’entreprise. Des plans de contingence peuvent également être nécessaires pour faire face à d’éventuelles perturbations ou défis opérationnels durant la transition.